L’éducation aux médias

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La solution, c’est chacun de nous

À tous ceux qui, comme moi, reviennent au travail après la semaine de relâche, je vous souhaite un bon retour.  J’ai écrit le brouillon du billet qui suit, il y a un mois environ mais je n’ai pas pris le temps de le compléter pour le publier.  En ce mercredi matin nuageux, je me dis que je dois le poster au plus vite sinon il va terminer dans mes billets rejetés.   

J’ai choisi d’y revenir aujourd’hui parce que je me questionne sur l’enseignement du français.  C’est en forgeant qu’on devient forgeron, dit-on.  Et bien, c’est en écrivant que l’on apprend à écrire.  Je me rends compte que recommencer à écrire régulièrement dans ce blogue m’aide à structurer ma pensée mais surtout, me permet de développer mon français.  Je redécouvre l’orthographe des mots, je dois même utiliser le dictionnaire. 

Je dis "recommencer" puisque j’ai eu une correspondance soutenue avec ma grand-mère pendant toutes mes années d’étude.  Elle était très intéressée à ce que j’apprenais.  Elle m’avait avoué qu’elle aurait tellement aimé avoir la chance de poursuivre ses études et même d’aller à l’université. À travers mes lettres, elle vivait un peu la vie d’étudiant qu’elle n’avait pas pu connaître.  Et moi, j’améliorais mon français à chaque lettre que je lui postais.

Mais comment recréer une situation similaire avec mes élèves?  Une situation qui leur donne le goût d’écrire. Il y a bien sûr le carnet de classe. Mais, je ne peux pas m’en servir assez souvent.  Je cherche une façon de remédier à ce problème…  Voilà, c’est là où j’en suis dans mes réflexions.  J’y reviendrai si je trouve une bonne idée!

Poursuivons avec le billet sur le français.  Le sujet semble moins prenant maintenant mais je veux tout de même vous dire ce que j’avais pensé. Heureusement que la chasse aux sorcières pour trouver des coupables a cessé.  Devait-on vraiment allumer un bûcher?  Qui est responsable de la situation problématique?  Le gouvernement?  Les nombreux ministres de l’éducation?  Nous? Moi? Vous? Eux?

Avec un peu de recul, je vois maintenant plus de positif dans la situation présente.  La tempête achève.  Les nuages se dissipent.  Le soleil va poindre.  Mais, qu’est-ce qui est positif dans cette situation, me direz-vous? 

Eh! bien! Comme dans toutes les situations conflictuelles, nous sommes à l’étape de la prise de conscience. Nous réalisons qu’il y a effectivement un problème. 

1- Prendre conscience du problème

Mais qu’en est-il de ce problème? L’état du français au Québec.  Les jeunes qui écrivent aux sons, depuis les années 70, semble-t-il… (Me dois-je d’ajouter avec une pointe d’ironie).  La qualité du français diffusée dans les médias (radio, télé, sites web, publications en série, chansons, …)  Je ne veux pas faire ici un portrait de la situation.  Ce ne serait pas vraiment utile.  Je veux seulement orienter votre réflexion.  Qu’est-ce que vous constatez?  Avez-vous des exemples précis?  Ne faites-vous que répéter ce que l’on vous dit à la télé ou à la radio?  Tout le monde a lu, vu ou entendu quelque chose sur le sujet.  D’ailleurs chaque personne a une opinion.  Pourtant, je crois qu’il faut désormais franchir le seuil de la simple opinion et regarder ce qui se passe autour de nous… pour faire quelque chose.

2- Faire un historique. 

Est-ce que l’histoire nous apporte des réponses?  On oublie qu’il est bon de regarder en arrière pour estimer la distance parcourue, pour voir notre point de départ et évaluer la direction à prendre.  Le commentaire suivant fait un bon portrait de l’évolution de l’enseignement du français au Québec.  Je vous suggère de le lire.  Repensez aussi à vos années "sur les bancs d’école".  Que pensiez-vous du français quand vous étiez enfant?  Aimiez-vous faire les exercices?  Les devoirs?  Vos parents vous encourageaient-ils?  Était-ce mieux au primaire ou au secondaire?   Attendiez-vous que quelqu’un vous apprenne le minimum ou étiez-vous de ceux qui cherchent par leurs propres moyens pour en apprendre plus?  Faites un petit bilan de votre apprentissage du français.  Quels sont les sentiments qui vous viennent?  Prenez le temps d’y penser.  Ce n’est pas si futile que cela en a l’air. 

Avez-vous vraiment réfléchi?  Prenez votre temps, je vous attends.

C’est fait?  Bon.  Maintenant, voyons ce que j’ai à vous dire…

Si vous êtes fiers de votre langue, transmettez cette fierté à vos enfants. Ne soyez pas passifs. N’attendez pas que l’État règle le problème pour vous.  Soyez responsables de vos actions.  Prenez part au conflit, pas en voulant "river le clou" de tout le monde ou en "tapant sur la tête" de ceux qui ne font pas votre affaire mais bien en essayant de solutionner le problème à votre échelle, dans votre entourage.  Pouvez-vous améliorer l’état du français dans votre lieu de travail?  Dans votre foyer?  Vous êtes inquiets de la qualité du français que votre enfant utilise, dites-le lui.  Parlez-en.  La discussion solutionne bien des maux. Ce n’est pas moi qui l’ai inventé.  Vous le savez aussi bien que moi. Qu’est-ce que votre jeune pense du français?  Voit-il l’importance d’écrire correctement?  Allez chercher ses perceptions et ses idées.  Faites-le parler des embûches qu’il traverse.  Vous pourrez mettre vos pendules à l’heure et accorder vos perceptions et vos attentes.

Et la réponse, elle est là.  Ce n’est pas le rapport Ouellon, ni le plan de la Ministre, ni les cours de français au secondaire, ni les méthodes syllabique ou globale, c’est NOUS.  Chacun de nous.  Chacun a le pouvoir de faire quelque chose.  Chaque parent a la capacité de faire une différence.  Mes parents m’ont transmis le goût de lire.  J’avais hâte de savoir lire comme eux.  Ensuite, j’ai eu hâte d’apprendre à écrire.  Et mes parents ne sont pas uniques en leur genre, ils ont simplement fait comme des milliers et des milliers de parents du Québec ont fait avant eux et feront après eux. 

De plus, on prêche souvent par l’exemple sans trop y penser.  Êtes-vous fiers du français que vous employez?  Avez-vous le souci de bien écrire ou est-ce seule
ment à l’école qu’il est nécessaire de bien le faire?  L’école serait le seul endroit où il faut bien écrire et pour le reste, ça n’aurait aucune espèce d’importance?  Est-ce le message que l’on envoie à nos jeunes? Est-ce que je me dois d’écrire dans un français correct uniquement à l’école?  Et qu’ailleurs, je n’ai plus à me soucier de rien?  Pensez-y.  Pensez-y bien!  Quel exemple donnons-nous à nos jeunes?  Sommes-nous assez fiers de notre langue pour que chacun d’entre nous se préoccupe de sa propre façon de l’employer?  Quand nous aurons répondu "oui" à cette question, nous aurons réglé le problème.

Quand on se soucie de la qualité d’une chose, c’est qu’on veut en être fier? Non?

Bonne semaine de relâche

Je vous souhaite à tous une très bonne semaine de relâche.

Voici quelques sites qui proposent une multitude d’activités pour vous amuser et passer d’agréables journées.

Une semaine de relâche pour grands et petits

20 idées pour s’amuser

50 activités pour la semaine de relâche

Festival International du Film pour Enfants de Montréal

Ma journée de rêve

Hier, j’ai passé une journée de rêve.  Laissez-moi vous raconter.  Après quelques jours de marasme, j’avais besoin de finir ma journée avec un grand (même très grand) sentiment de satisfaction du travail accompli.  Je me demandais bien quoi faire pour que cette superbe journée se réalise. L’idée m’est finalement venue. J’ai décidé d’emprunter les nouveaux ordinateurs portables que nous avons depuis peu.

Quand j’ai annoncé la nouvelle aux enfants, ils étaient émerveillés.  Je pense qu’ils n’en croyaient pas leurs oreilles.  Et quand les ordis sont arrivés dans la classe, j’ai eu l’impression qu’ils n’en croyaient pas leurs yeux non plus. 

Étant donné que c’était la première fois que je faisais cet emprunt, je ne savais pas exactement à quoi j’avais accès.  Pouvions-nous ouvrir nos documents sur le serveur de l’école?  Pouvions-nous aller sur Internet? J’ai fait quelques tests pendant que les élèves se préparaient pour la dictée en révisant leurs leçons. Et j’ai été ravi.  Non seulement pouvions-nous nous connecter au serveur mais nous avions même accès à Internet dans la classe.  La base sans fil qui se trouve à l’étage en-dessous est assez puissante pour émettre jusque dans notre classe.  À cet instant, j’ai senti que ma journée allait être merveilleuse.

J’ai distribué les ordinateurs aux enfants qui étaient maintenant placés en équipe de deux. Mes élèves se sont tout de suite aperçu qu’il ne restait pas de portable pour moi. Je les ai remerciés de s’inquiéter pour moi et je les ai rassurés en leur disant que j’étais très amplement satisfait juste de les voir travailler à l’ordi. Mes élèves ont un sens du partage et de l’équité.  Ils ont une nature généreuse.  J’ai commencé par expliquer certains symboles présents dans la barre-titre comme le signe du lien sans fil au cas il y aurait une panne ou une rupture du signal Wi-Fi.  Ils doivent savoir qu’Internet n’est pas dans l’ordinateur et que ce n’est pas magique.  Une base dans la labo envoie des ondes aux portables.

Nous avons commencé par faire la dictée.  Une dictée différente.  Ne l’ayant pas encore expérimenté, je ne savais pas trop à quoi m’attendre.  Mais à voir leur enthousiasme et la hâte qu’ils avaient de commencer, je me suis dit que tout irait bien.  Ils ont vite découvert que le traitement de texte leur disait automatiquement quand ils faisaient une erreur; les mots étaient soulignés.  Ils voulaient se corriger tout de suite mais je les ai fait patienter.  J’ai terminé de leur dire les mots de vocabulaire et je leur ai donné le temps de se corriger.  Un rapide survol de leurs écrans m’a permis de voir leur degré de réussite.  Qui aurait pu le deviner?  J’avais la "note" sans avoir à corriger.  L’ordinateur l’avait fait pour moi.  Décidément, cette journée s’annonçait être vraiment exceptionnelle!  Ensuite, je les ai aidés à corriger leurs erreurs.  Exemple de correction:  matério: le mot est souligné.  Les enfants s’aperçoivent qu’il y a une erreur.  Ils essaient de trouver la bonne réponse.  Première stratégie:  vérifier les syllabes.  "ma" est bien écrit; "té" aussi.  C’est donc le "o" qui fait défaut.  On regarde sur les pancartes de sons de la classe.  Le choix est "au" ou "eau".  On en essaie un.  Le mot est toujours souligné?  Il ne reste plus qu’un choix.  Bingo!  Le mot est bien écrit: matériau.  Même chose pour les phrases que je leur ai dictées.  C’était tout simplement génial!  J’étais mort de rire.  Et rien à corriger, imaginez!  Nous avons tout fait du même coup: ma correction en premier et la leur ensuite.  En plus, à la fin, les enfants ont eu la satisfaction d’imprimer un travail dont ils étaient fiers et nous avons même appris des stratégies de correction.  Que vouloir de plus?

Après la récré et la collation, nous sommes allés sur Internet pour regarder les bandes dessinées de nos amis de la classe.  Et tout spontanément, ils ont voulu laisser un commentaire à leurs amis. Quelle surprise de voir plus tard en soirée qu’un élève qui a vraiment de la difficulté à écrire a fait plus de commentaires que les autres. Et ses phrases sont plus lisibles qu’à l’habitude.  Quelle sentiment de satisfaction!  Je ne m’étais pas aperçu qu’il en avait écrit tant parce que j’étais absorbé à aider chaque équipe à corriger ses commentaires avant de les poster.

En après-midi, nous avons visité d’autres blogues et nous avons postés d’autres commentaires.  En tout et partout, nous avons tous eu l’impression que la journée n’avait pas duré plus d’une heure. Le temps agréable est si court. 

C’est dans le livre de Jacqueline Caron, Apprivoiser les différences, que j’ai lu à la page 33 sur les deuils à faire des routines sécurisantes comme, par exemple, les mots de vocabulaire donnés en dictée à tous les élèves, les corrections à la queue leu leu, etc.  Je pense que d’une certaine façon c’est ce que j’ai fait hier.  J’ai fait le deuil des dictées sur du papier.  Si vous ne connaissez pas ce livre, je vous suggère de le consulter.

J’étais tellement content de ma journée, du travail que les enfants ont fait, des stratégies que j’ai pu leur enseigner.  C’était comme si toutes les pièces du casse-tête étaient rassemblées et s’emboîtaient correctement: les enfants, l’enseignant; les portables, Internet; les apprentissages, les compétences et écrire, lire.  J’ai eu soudainement la prise de conscience ou l’envie (Je n’arrive pas à me décider.) que toutes mes journées soient comme celle-là.  J’ai compris alors que l’espace d’un jour, j’ai vécu un peu l’école du 21e siècle.  Maintenant, je me demande comment faire pour réaliser mon souhait.  Devrais-je envoyer mon CV à cette école du Nouveau-Brunswick dont tout le monde parle?  Verrons-nous une exode des enseignants du Québec pour aller au Nouveau-Brunswick ou en France?  (Je blague! 😉Qui s’en soucierait?  Ce n’est pas comme pour les médecins.  Bon.  Assez d’âneries!

Sérieusement, je me demande vraiment si je ne devrais pas regarder ailleurs.  C’est une question de plan de carrière et de satisfaction au travail.  Comme les enfants qui sont peut-être tannés de remplir des feuilles, je me sens las debout devant mon tableau vert, une craie blanche à la main.  Même si j’ai de la difficulté à m’e
xpliquer pourquoi, j’ai encore le feu sacré; j’aime enseigner mais la flamme est plus ardue à entretenir.  Et ce n’est vraiment que la chaleur humaine de mes élèves qui la garde allumée.  Quand ils s’inquiètent qu’il manque un portable pour moi, je fonds littéralement devant leur sollicitude.

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