Faire écrire les élèves dans un blog pourrait vous sembler comme une tâche ardue. Mais détrompez-vous, ça ne l’est pas lorsque l’on s’y prend de la bonne manière.
D’abord, oubliez le papier. Faire écrire le texte sur du papier ne fait que multiplier le travail. Il faut commencer par écrire le brouillon qu’il est nécessaire ensuite de corriger. Souvent, il faut faire une deuxième correction, avant de pouvoir enfin retranscrire le texte au propre.
Bon, le travail est terminé maintenant, n’est-ce pas? Pas encore… Il faut tout taper à l’ordinateur. Et, comme en tapant les élèves font des erreurs, il faut encore une fois tout corriger. Vous comprenez que toutes ces étapes alourdissent le travail. Une petite activité d’écriture devient si laborieuse que peu de gens sont intéressés à le faire. Les enfants trouvent que c’est interminable et les enseignants se demandent bien dans quoi ils se sont embarqués. On apprend à détester écrire parce que c’est trop compliqué.
Et j’en arrive maintenant au blog. Je sais que plusieurs sont incrédules concernant cet outil mais, moi, j’y crois beaucoup. J’ai toujours cru qu’écrire à l’ordinateur était vraiment plus facile que d’écrire sur du papier. D’ailleurs, on voit poindre de plus en plus de commentaires ou d’études concernant l’utilisation des blogs par les jeunes, comme par exemple ce billet sur le blog de M. Guité qui explique ce qui arrive quand un élève exploite un blog.
Mais pourquoi serait-ce plus simple d’écrire dans un blog? Premièrement, à l’ordinateur, le brouillon est le propre et le propre est le brouillon. On ne s’inquiète de rien: on laisse aller son inspiration. Tout peut être structuré après le premier jet sans avoir à recommencer si la structure est incompréhensible. Combien d’enfants ont été agréablement étonnés de découvrir cette stratégie! On peut organiser sa pensée après avoir écrit nos idées.
Deuxièmement, le brouillon devient le propre aussitôt les corrections terminées. On peut ajouter ou enlever des lettres ou des mots sans tacher sa feuille avec une gomme à effacer. Vous voulez insérer un mot dans une phrase, enfantin! Il est aussi très facile de déplacer tout un paragraphe à la fin d’un texte sans avoir à ne rien retranscrire. Pas de ratures, pas de flèches compliquées à comprendre. Avec des enfants, ces stratégies nous permettent de sauver beaucoup de temps et évitent de les décourager avec des corrections laborieuses. De plus, ces façons de faire sont en accord avec leurs manières de penser: les jeunes d’aujourd’hui sont habitués d’utiliser l’ordinateur. Ils sont habitués d’explorer les jeux, les logiciels et d’apprendre en ajustant leurs actions au fur et à mesure qu’ils avancent. On le fait et on avance. À l’ordinateur, rien n’est définitif. On peut toujours reprendre et rectifier à loisir sans repartir à zéro. Écrire dans un blog permet ce genre de souplesse que les jeunes connaissent bien.
C’est ainsi qu’il est possible de faire écrire les enfants au moins 2 fois par semaine (sinon à tous les jours) même s’il ne s’agit que de faire une phrase. Je comprends qu’une petite phrase en septembre deviendra un paragraphe en décembre et un petit texte en juin. C’est la constance du travail qui rend l’écriture facile et aisée. Écrire peut devenir "un jeu d’enfant" si c’est vécu simplement.
Troisièmement, le blog apporte une autre dimension à l’écriture, il lui donne une signification d’être. Les élèves ne remplissent pas simplement une feuille de papier qui sera raturée, recopiée, évaluée et oubliée dans un cartable. Ils écrivent à quelqu’un. Ils écrivent pour être lus, pour s’expliquer, pour demander ou pour répondre à une question. C’est tout simple mais c’est ce puissant moteur qui les motive à écrire. À preuve, suivez bien cette conversation qui démarre entre mes élèves et les élèves de l’école Louis Moreau.