Voici donc le premier d’une série de 10 billets sur l’éducation 2.0. Ces billets ont pour but d’expliquer ma vision des changements qui s’opèrent (malgré nous j’en ai bien peur) et ma façon de voir l’application des outils technologiques déjà disponibles. Depuis deux ans, j’y réfléchis souvent puisque je suis plongé directement dans ce monde technologique par l’entremise de ce blogue (que vous lisez en ce moment) et du Carnet de classe. Ces billets vont me permettre de faire un retour nécessaire sur ce que j’ai vécu depuis le début du projet en mars 2006. Comme j’ignore ce qu’il va advenir de cette belle expérience, je sens le besoin d’examiner le chemin parcouru, relever les bons coups et faire en quelque sorte une conclusion pour voir où j’en suis aujourd’hui. Cette reflexion est très saine et elle se fait de façon régulière dans le domaine de l’éducation pour orienter nos pratiques pédagogiques.
J’ai beaucoup cherché avant d’écrire le titre de ce premier billet. J’avais aussi en tête: "l’éducation 2.0: la communauté participe à l’apprentissage des jeunes"; "éducation 2.0: enseignement collectif collaboratif" ou encore "l’éducation 2.0: venez participer à l’éducation de vos jeunes". J’ai finalement opté pour apprentissage "connectif" en pensant à l’entrevue que M. Joël de Rosnay à donner à Stéphan Bureau dans le cadre de la série Contact, l’encyclopédie de la création [contacttv.net]. Entrevue qui m’a fasciné, dois-je ajouter.
Mais qu’en est-il de cet "apprentissage connectif"? Avec ce terme, je vois du coup poindre une idée nouvelle, un concept tout neuf: la communauté qui participe en temps réel aux apprentissages de ses jeunes. J’en remarque les balbutiements sur le Carnet de classe. Je m’explique. Quand les gens écrivent sur le Carnet de classe, ils ne s’ingèrent pas dans les apprentissages mais y participent activement plutôt. Chaque commentaire amène un mot nouveau ou une difficulté nouvelle. L’apprenant se retrouve alors en déséquilibre devant un problème à résoudre. Certains mots sont plus compliqués à lire et demandent des connaissances nouvelles (des techniques nouvelles). Certains mots sont inconnus par les enfants et devront faire l’objet d’une explication ou d’une recherche pour en découvrir le sens. Certains commentaires peuvent amener les élèves à faire de nouveaux apprentissages en les plaçant devant un défi. Par exemple, expliquer sa démarche à une personne est très formateur. (cf. Comment fait-on une gravure gras sur gras?) Je fais référence ici à une demande que nous avons reçu d’un lecteur.
Les lecteurs du Carnet de classe "seraient" d’ores et déjà en mesure d’aider aux apprentissages des élèves par leurs commentaires. Que ce soit en posant des questions sur des règles de grammaire, en suggérant un problème à résoudre, en demandant aux enfants d’expliquer leurs réponses ou leurs démarches, en proposant des lectures, etc. Mais ce n’est pas tout, la démarche se fait aussi dans l’autre sens. Les élèves posent des questions et font appel à des gens de la communauté qui ont des connaissances dans un domaine particulier ou dont c’est simplement le métier. La communauté répond aux questions des enfants sur la médecine, sur la nature, sur le journalisme, sur l’ornithologie, etc. Il y a un véritable échange de savoirs. Le Carnet de classe donne aux élèves l’accès à une banque de gens compétents capable de les instruire. Le savoir circule de façon dynamique. Il ne provient plus d’une seule entité. Il est social, collectif et en réseau. Voilà ce que j’appelle l’"apprentissage connectif": un lieu où la communauté participe activement aux apprentissages de ses jeunes.
Pourtant, je sens que nous ne sommes pas tout à fait prêt à embarquer dans cet apprentissage "connectif". Je crois (J’avais écrit: "j’ai l’impression" mais cette expression est trop faible pour exprimer ma pensée.) que cela est dû à notre vision d’Internet qui est biaisée. On n’y voit encore que le côté commercial (Web 1.0). À quoi cela sert-il de bloguer avec des élèves quand il n’y a aucun produit à offrir? Qu’est-ce qui peut être intéressant sur un Carnet de classe? On oublie tout bonnement les possibilités interactives…
Comme l’expliquait, à peu près dans ces mots, M. Joël de Rosnay: pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, lorsque nous sommes dans une foule, nous avons la chance de participer collectivement à des actions d’un niveau plus organisé que le simple geste de faire la vague. Je vous suggère d’aller regarder l’entrevue à l’endroit suivant [Joël de Rosnay, invité à Contact] pour en découvrir plus sur le web 2.0 , le web 3.0 et la connectivité.
Je m’arrête ici pour le moment et je vous attends dans un prochain billet pour entrer du même coup dans le vif du sujet: pourquoi bloguer avec des enfants?