L’éducation aux médias

Catégorie : Pour les enseignants Page 17 of 31

PIA: l’entrevue avec l’élève

Le but de cette entrevue est de rappeler à l’enfant qu’il peut avoir des difficultés dans certains domaines à l’école mais quand même être capable de réussir dans d’autres domaines de la vie avec facilité.  Ce n’est pas tout noir ou tout blanc.  Il doit s’apercevoir de ce fait et vraiment en prendre conscience:  il peut être aussi bon sinon meilleur que les autres enfants dans une autre sphère d’activités.  Il faut se débarrasser des oeillères académiques pour découvrir les dons, les talents, les capacités et les possibilités que tous les enfants possèdent et ainsi arriver à les mettre à profit.

La semaine passée, j’ai rencontré mes élèves pour la rédaction de leur PIA.  J’aime beaucoup faire ces rencontres qui me permettent de discuter avec l’enfant (le principal intéressé) de ses talents, de ses difficultés et de ses buts, ce qu’il voudrait être capable de faire.  Je trouve qu’il est très intéressant de voir comment l’enfant se perçoit. C’est beaucoup plus complet et enrichissant que le regard limité au domaine scolaire que je peux poser.  L’entrevue se déroule comme suit:

  1. Je commence par demander à l’enfant ce qu’il est capable de faire.  Dans quel domaine, il sait qu’il est très bon, ce qui est facile à faire pour lui.  Et j’élargis toujours les horizons en lui parlant de la maison (Que peut-il faire chez lui?), de l’éducation physique (Dans quels sports, il se sent bon?), des arts plastiques, des jeux après l’école, etc.  Il y a toujours un domaine à quelque part où l’enfant peut performer.  Alors, nous discutons des ses talents.  La première fois que l’élève vit cette entrevue, il ne sait pas trop quoi dire.  Il n’est pas habitué de parler de ses talents ou de ses capacités.  Manque de confiance en soi?  Possiblement.  La deuxième fois, il comprend mieux ce que l’on cherche et il se sent plus à l’aise de parler de ses forces.  Peut-être parce qu’il en a pris conscience à la première rencontre.

  2. Nous continuons l’entrevue en parlant de ses difficultés.  Qu’est-ce qui est difficile à faire pour lui?  Est-ce qu’il y a des tâches plus compliquées à faire à l’école, à la maison?  Dans quel domaine, il a besoin d’aide?  À quelles occasions demande-t-il de l’aide à quelqu’un?  Nous prenons des exemples dans la classe ou dans la cour d’école.  Nous discutons de situations que ce sont produites réellement à l’école ou à la maison. 

  3. Pour terminer, nous parlons ensemble de ce qu’il voudrait être capable de faire.  Quels sont ses buts?  Pourquoi vient-il à l’école?  Qu’a-t-il le goût d’apprendre?  Qu’est-ce qu’il s’imagine être en mesure de faire à la fin de l’année scolaire?  Qu’est-ce qu’il aimerait réussir?  Autant de questions pour nous aider à bien cerner les visées que l’enfant peut se choisir.  Il se retrouve maintenant au centre de ses apprentissages.  C’est vraiment lui qui peut savoir ce qu’il veut apprendre. 

Il y a beaucoup d’avantages à procéder ainsi: 

  1. On se retrouve devant un portrait plus complet de l’élève.  Justement, un plan d’intervention qui a été rempli avec l’enfant fait souvent sourire le parent parce qu’il reconnaît bien là son fils ou sa fille.
  2. L’enfant prend conscience de ses forces et de ses faiblesses.
  3. On s’aperçoit qu’il y a plus chez un enfant que les deux dimensions du domaine scolaire.
  4. Il y a un transfert de pouvoir:  je lui dis qu’"il" a le pouvoir de faire quelque chose et que j’y crois.  Sinon, pourquoi parler de lui?  Je suis là pour l’aider mais il doit lui aussi y croire.
  5. On peut partir de ses réussites pour gagner de la confiance en soi.  – Si tu arrives à faire cela, tu peux aussi t’améliorer dans "ce" domaine.

Autant que faire se peut, il faudrait éviter de remplir le plan tout seul sans avoir consulté le principal intéressé.   Combien de plans j’ai fait signer au début de ma carrière à des enfants qui ne se sentaient pas impliqués!  Les règles ont changé:  est révolu le temps de l’école qui impose un savoir défini à des "apprenants", c’est l’élève maintenant qui choisit ses apprentissages en fonction de ses forces, ses intérêts et ses faiblesses.  La crise est là: l’institution avec son savoir réglementé, contrôlé et standardisé VS le savoir disponible en ligne vivant, répondant au style de l’apprenant, captivant parce que choisi par ce dernier.

Premier contact avec Audacity – la suite

Hier, nous nous sommes pratiqués à compter jusqu’à 100.  Nous avons aussi pratiqué les bonds de 10 et les bonds de 5.

Pour ce faire, nous nous sommes enregistrés à l’ordinateur.  C’était bien plus amusant comme cela.  

Vous me direz qu’il n’y a rien de bien extraordinaire là mais j’étais très fier de mon idée.  Cet enregistrement fait parti du portfolio de mes élèves maintenant.  Je peux le faire entendre aux parents lorsque je vais les rencontrer pour leur remettre le bulletin de leur enfant. Pas besoin de mettre une note, une lettre ou un symbole quelconque sur une feuille de papier; les preuves sont là.  Nous pouvons l’entendre.  Mais ce qui est encore beaucoup mieux, c’est que ce sont les enfants eux-mêmes qui ont jugé de leur savoir-faire en s’écoutant.  Je n’ai rien dit, je ne voulais pas influencer leur jugement.  Dans deux semaines environ, nous reprendrons l’exercice pour voir s’il y a des progrès.  Et, je vous garantis qu’il y en aura…  J’ai senti qu’ils étaient déterminés à s’améliorer.

Cette fois encore, les enfants m’ont surpris.  Ils ont remarqué plusieurs choses dont:

  1. La difficulté de respirer convenablement surtout lorsqu’il s’agit de longues énumérations ou de longues phrases.  Dans ce cas-ci, certains se débrouillaient mieux que d’autres, ce qui a été également souligné.
  2. Fournir l’effort nécessaire pour garder un débit constant et un niveau sonore de la voix assez fort.
  3. Faire attention à la prononciation.  Certains d’entre eux cessaient de bien articuler après un petit moment.  Les nombres devenaient alors incompréhensible.

Quelques élèves ont été agréablement surpris de voir qu’ils avaient réussi à ne pas faire les mêmes erreurs que lors du dernier enregistrement (cf. la description du costume d’Halloween).  Certains l’ont fait sans bégayer, d’autres ont réussi à mieux prononcer ou à parler moins vite.  Ils étaient vraiment contents d’eux-mêmes.  J’étais étonné de voir leur capacité à s’auto-évaluer et je leur ai fait remarquer que les progrès seraient de plus en plus nombreux au fil des pratiques. 

Les félicitations et les encouragements sont venus naturellement de tous et chacun.  Et nous nous sommes félicités d’avoir si bien travaillé.

Premier contact avec Audacity

Vendredi dernier, les enfants ont vu le logiciel Audacity pour la première fois. 

Souvent, on veut utiliser la technologie pour faire des activités intéressantes mais on oublie qu’il y a plusieurs acquis que les enfants doivent maîtriser avant d’être à l’aise avec l’outil.  On veut tout faire trop vite.  Deux situations problématiques surviennent alors: certains problèmes techniques viennent entraver le déroulement de l’activité ou le manque de connaissance du logiciel amène des embûches qui occupent le premier plan au détriment des apprentissages qui sont presque relégués aux oubliettes.  Pour éviter cet écueil, il faut procéder de façon systématique.  Apprendre le logiciel et une fois que cela est fait, l’utiliser pour faire des apprentissages.  Jamais les deux en même temps.

Voici comment je vous conseille de procéder.  Avant de commencer à faire des activités pédagogiques, il faut faire un survol du logiciel et sensibiliser tranquillement les élèves.  Une fois qu’ils vont avoir maîtrisé le logiciel, ils pourront mieux se concentrer sur les compétences à développer en français oral (par exemple).  Il faut prendre les deux domaines séparément: le côté technologique et le côté apprentissage en français. 

Il est préférable de procéder par étape:

  1. Faire un survol du logiciel et l’utiliser d’une façon amusante.  (Mettre peu d’attention sur le français oral pendant l’enregistrement de l’étape 1 à l’étape 4.  On peut quand même faire une objectivation après pour entendre les bons coups et corriger certaines lacunes.  Vérifier si le niveau sonore est bon, si le débit est correct pour une bonne compréhension, etc.)
  2. Laisser les enfants utiliser le logiciel et superviser leurs actions.
  3. Laisser les enfants utiliser le logiciel dans un contexte libre, par eux-mêmes pour s’amuser.
  4. Vérifier les capacités des élèves à utiliser le logiciel sans aide.
  5. Faire une activité en français oral. (Porter peu d’attention au logiciel, s’attarder sur les apprentissages en français et les compétences à développer.)

L’activité que j’ai choisie de faire en premier était de décrire son costume d’Halloween.  Les enfants passaient à tour de rôle devant le micro pour enregistrer leur commentaire.  Ensuite, nous avons écouté tous les enregistrements.  Si vous faites cette activité, vous n’aurez pas le choix; les enfants veulent s’entendre.

Nous avons eu beaucoup de plaisir à faire cette petite activité toute simple.  Tout le monde voulait participer même si certains étaient un peu intimidés par le micro.  Tout s’est fait d’une façon conviviale sans pression de réussite, dans le but d’expérimenter et de s’amuser.  Il était clair que les élèves n’étaient pas obligés d’apprendre à se servir du logiciel, ni de performer et de faire une description exacte et parfaite.  J’ai utilisé l’approche ludique pour mettre tout le monde à l’aise.  Et, nous avons bien rigolé.  C’était comique de se tromper, de faire du bruit en frottant le pied du micro sur la table ou de faire des gaffes.  D’ailleurs à la fin de l’activité, plusieurs élèves connaissaient 2 ou 3 fonctions du logiciel et je sais que quelques-uns pourraient arriver à s’en servir un peu sans aide. 

Par la suite, nous avons écouté les messages.  Les enfants étaient surpris d’entendre leur voix.  Ça fait toujours un peu "drôle" d’entendre sa propre voix.  Pendant l’audition des enregistrements, nous avons remarqué différents points qu’il fallait corriger.

  1. Faire des phrases complètes.  Ne pas oublier de mots.  (Souvent, on prend pour acquis que les gens vont comprendre de quoi l’on parle mais ce n’est pas le cas.)

  2. Ne pas employer les mots: chose, affaire, truc…  (Il faut être précis et utiliser le plus possible le mot exact. )

  3. Attention aux hésitations trop longues et aux bruits faits avec la bouche.  (Elles ne semblent pas très longues pendant la conversation mais elles paraissent plus dérangeantes quand on les écoute.)

Les enfants ont remarqué tout cela sans que j’intervienne vraiment et même encore plus, comme certaines difficultés plus personnelles à chacun qu’il n’est pas nécessaire de mentionner ici.  J’ai vu que c’était très formateur de s’écouter et je suis certain que si nous faisons une activité du même genre régulièrement, les jeunes feront beaucoup de progrès et s’exprimeront bien mieux.

Si vous voulez familiariser vos élèves avec un logiciel d’enregistrement, je vous suggère de procéder ainsi.  C’est tellement agréable.  Nous avons utilisé deux périodes pour faire cette activité même si je n’en prévoyais qu’une seule.  Et nous n’avons pas vu l’avant-midi passé. Je n’en avais prévu qu’une seule au départ parce que je ne pensais pas que les enfants s’amuseraient autant.  À expérimenter!

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