Le webmestre pédagogique

L’éducation aux médias

Ma réforme à moi …

Je lis les blogs depuis ces derniers jours, je jette un oeil sur les journaux et j’ai le gout d’intervenir sur un sujet qui me brûle les lèvres. 

Le discours que l’on tient depuis quelques temps partout me révolte et je sais que je ne suis pas le seul.  Certains amis enseignants pensent la même chose que moi et c’est leur réaction qui m’a incité à écrire ce billet.

Retournez un peu en arrière avec moi.  Juste le temps d’aligner les perspectives, disons. Je suis de la génération de l’audio-visuel et de la méthode du Sablier.  Ces deux pratiques étaient évidemment décriées tant et si bien qu’elles ont été abandonnées.  Les résultats étaient terribles! Pauvres enfants, nous n’avions aucune notion orthographique.  Nous ne faisions qu’écrire aux sons.  Mais qu’allait-il advenir de nous, bon sens?  C’était affreux!  Nos parents étaient outrés, eux qui avaient tout appris par coeur.  Ils se rendaient bien compte que leurs enfants ne pouvaient pas réciter la moitié de ce qu’eux savaient. À cette époque, l’école enseignait aux enfants à regarder des diapositives, à écouter la télé et à écrire aux sons.  Désastre.

Aujourd’hui, les parents ont changés mais les insatisfactions demeurent.  Il semble qu’au Québec, le système d’éducation soit bel et bien "né pour un petit pain".  Aurait-il du succès et serait-il repris dans d’autres pays qu’on en aurait encore plus honte.  Que voulez-vous?  Les choses sont ainsi.  Vous me permettrez ici de prendre un ton acerbe (Pour quelqu’un qui ne faisait que regarder la télé à l’école, j’ai tout de même retenu quelques mots.  Et constatez tous les costumes des sons que je peux utiliser depuis le début de ce billet.  Mes profs du primaire seraient fiers de moi.  En passant, je les salue chaudement.  Je crois qu’ils ont fait du bon travail.).  Donc, oui, un ton acerbe, disais-je.  Quand je pense que ces gens qui se plaignent en ce moment que les enfants ne savent plus écrire sont ces mêmes gens qui écrivaient aux sons à cette autre époque!  Paradoxal, n’est-ce pas?  Je vous laisse y penser.  Je n’irai pas plus loin sur ce sujet.  Moi, j’en ai tiré mes propres conclusions…

Je sais que ce n’est pas dans la ligne éditoriale habituelle de ce blog mais je me suis permis de déroger le temps d’un billet.  Pourtant, je me rattrape pour vous dire que plusieurs enseignants utilisent le nouveau programme, se l’approprient et vivent assez bien avec cela. 

Je ne crois pas qu’il faille tout balayer du revers de la main.  Il y a du bon dans le nouveau programme d’éducation.  Les idées sont modernes.  On n’est plus à l’époque de la petite école de rang.  Les enfants ont changé, les lieux ont changé, les coutumes ont changé.   Bon, je trouve qu’il n’y a pas encore assez de place pour les TIC.  Elles sont reléguées à la fin des compétences comme un "en cas" ou un "ah oui! vous pouvez faire écrire les enfants à l’ordinateur aussi". Je considère que les TIC devraient avoir la même position que la lecture ou l’écriture dans notre monde d’aujourd’hui. 

Je me suis donc décidé à vous présenter la pyramide qui me permet d’aborder le programme d’un point de vue facilitant. J’ai placé à la base toutes les compétences premières celles sur qui on bâtit les autres compétences.  Elles sont toutes rattachées les unes aux autres parce qu’elles se complémentent bien.  Exemple: 

  1. Il faut savoir lire pour faire la lecture des problèmes de mathématiques.
  2. Quand on résout un problème, il faut écrire la réponse.
  3. Écrire nous aide à raisonner.
  4. Et ainsi de suite, elles sont sur le même pied d’égalité

Les TIC se retrouvent juste au-dessus parce qu’elles peuvent être exploitées dans toutes ces compétences.  Quand les compétences premières sont maîtrisées, elles peuvent toutes être réutilisées dans les TIC par un courriel, un traitement de texte, un enregistrement (baladodiffusion), une vidéo, une recherche sur Internet, etc.

Pour arriver à exécuter efficacement toutes les compétences précédentes (les TIC comprises), il faut avoir des méthodes de travail efficaces, justement.  Quand on a des méthodes de travail efficaces, on peut aborder l’exploitation de l’information et les façons efficaces de communiquer en général.  Il faut aussi avoir une base dans toutes les compétences énumérées précédemment pour envisager de les vivre en équipe et réussir à coopérer.  On peut ensuite mettre à profit sa pensée créatrice et/ou résoudre des problèmes dans toutes les compétences qui précèdent.  Résoudre des problèmes et inventer dans un travail d’équipe, en lecture, en écriture, en TIC, en calcul, etc.  Puis, toutes ces compétences nous amènent enfin à structurer notre identité. 

Pyramide des compétences

Je vous laisse sur une petite réflexion.  Pensez-vous que les enfants ont changé?  Ils apprennent maintenant chez eux, simplement en naviguant sur Internet.  Quand ils en sentent le besoin ou pour répondre à un besoin.  Ils appartiennent à des réseaux d’échanges et d’entraide où ils sont à la fois mentors et mentorés.  Vous me direz que j’exagère, que ce n’est pas un changement.  Et pourtant, la souche du problème est juste sous notre nez:   le savoir que l’on choisit d’apprendre VS le savoir qui est choisi pour nous apprendre.

Décorer le bac de berlingots de lait

Hier, nous avons fait le dessin des avatars pour le blog "Mon carnet de classe".  Les avatars, ce sont les petites images qui apparaissent devant le nom de chaque élève qui publie un billet.  Quelle belle occasion pour apprendre en même temps à utiliser un numériseur!  J’ai procédé exactement de la même façon que l’année dernière.  Je vous rappelle rapidement ce que je fais:

"Avant de commencer, je montre le numériseur aux enfants et j’explique les fonctions et les éléments de base.

  1. Nous regardons ensemble les éléments: le couvercle, la vitre et le lien USB.  Le couvercle empêche notre image de bouger et protège nos yeux du faisceau lumineux.  J’explique bien que l’image ou le dessin doit se retrouver sur la vitre si l’on veut que le numériseur le "voit" avec sa lumière.  Le lien USB amène les informations numériques vers l’ordinateur.
  2. Je place ensuite une image sur la vitre du numériseur et j’explique aux enfants les démarches à suivre pour ouvrir le logiciel qui active le numériseur.  Je le fais deux ou trois fois.  Un élève me répète ensuite toutes les étapes et je les fais mimer par un autre enfant de l’équipe.  Quand ils sont prêts, je les laisse aller.  S’ils ont des questions, ils peuvent me demander sans problème."

Après la démonstration, les élèves sont venus à tour de rôle numériser leur dessin.  Cette année, j’ai préféré leur faire dessiner quelque chose plutôt que de faire des recherches d’images sur Internet.  Je trouve que ça donne un caractère plus personnel.  Inutile de mentionner qu’ils ont très hâte de voir leur dessin dans leur carnet.

Aujourd’hui, je leur ai proposé de décorer notre bac de berlingots de lait.  Ils devaient inventer une petite situation à l’aide d’objets qui font penser au lait:  verre de lait, yogourt, fromage, berlingots, etc.  J’avais mis à leur disposition des images de produits laitiers.  Vous verrez plus bas que leurs "situations" parlent d’elles-mêmes.

J’en ai profité pour vérifier s’ils se souvenaient comment utiliser le numériseur.  J’ai été très content de voir qu’ils étaient tous en mesure de numériser leur situation sans que j’aie à intervenir.  Quand un enfant oubliait une étape, un autre élève était là pour lui rappeler.  

 

 

le lait2

Que c’est amusant, Comic Life!

J’ai finalement réussi à me trouver une période au labo.  Vous pouvez vous imaginer que je n’ai pas manqué ma chance.  Nous avons donc eu l’opportunité de faire l’activité que je voulais tant faire avec Comic Life. 

Comme je l’ai mentionné dans le billet précédent (celui du 20 novembre), mes élèves ne connaissent pas du tout ce logiciel.  Je voulais alors leur permettre d’en faire l’exploration sans que ce soit trop exigent.  Rappelez-vous de ce que je vous ai suggéré auparavant concernant l’apprentissage d’un nouveau logiciel.  Il faut se concentrer d’abord sur le côté technique c’est-à-dire d’apprendre à utiliser le logiciel. 

Pour cette première activité, je n’avais aucune attente sinon que les enfants arrivent à:

  1. se prendre en photo
  2. placer une photo dans un cadre de bande dessinée
  3. choisir une bulle de dialogue
  4. écrire un mot dans une bulle et qu’ils s’amusent

Même si cela ne semble pas tant que ça, je pense que c’était beaucoup.  Et, plusieurs d’entre vous seront aussi de cet avis.  Vous comprendrez alors que je ne me souciais pas du français écrit.  Cela viendra bientôt quand nous raconterons l’histoire de notre recette de trempette.  Chaque chose en son temps! 

Pour le moment, je suis très content de la façon dont l’activité s’est déroulée.  J’ai fait une petite démonstration des possibilités de Comic Life et les enfants ont tout de suite été fascinés par le logiciel.  Les sons qui jouent quand on étire une bulle ou efface une photo contribuent bien à donner un aspect ludique au logiciel.  Les enfants ont compris assez vite comment glisser les photos et les bulles.  Ils ont aussi été surpris de voir que l’on pouvait se prendre en photo directement dans le logiciel.  Pourtant, j’étais un peu inquiet.  Je ne savais pas s’ils arriveraient à utiliser toutes les fonctions dont je leur avais parlées.  Si bien que je ne m’attendais pas à ce qui a suivi… ou peut-être un peu.  Wink

Cette petite activité s’est vite transformée en un jeu extraordinaire!  Nous avons tellement ri.  Bientôt, tout le monde demandait de l’aide à son voisin.  Certains pour les prendre en photo et d’autres pour apparaître avec eux dans la photo.  Les enfants allaient d’un ordi à l’autre pour voir les photos de leurs amis et pour échanger des idées ou des fous rires.  Ils s’amusaient à faire des grimaces ou à prendre différentes expressions du visage comme la peur, la colère, la joie, …  C’était vraiment amusant!  J’étais épaté!  À découvrir vraiment!  J’ai hâte de voir ce qu’ils seront capable de faire une fois qu’ils vont bien maîtriser le logiciel.

Les photos qui suivent sont publiés à titre d’exemple pour vous donner une idée du résultat final et vous permettre d’imaginer tout le plaisir que nous avons eu.  Habituellement, je ne diffuse pas les travaux qui sont faits dans un but de découvrir un logiciel à cause de leur caractère brouillon et incomplet.  Rappelez-vous que je n’ai demandé qu’un mot par bulle et que le but de l’activité était d’arriver à faire une petite bande dessinée avec des photos.  Souvent les enfants faisaient deux personnages différents dans leur bande dessinée. 

 

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